Sauvons le Lycée Schoelcher

Dicours de la sorbonne

 Discours de la Sorbonne

Pour la Commémoration du centenaire de l’Abolition

de l’Esclavage  (27.04.1848 – 27.04.1948)

 

  Monsieur le Président de la République,

  Dans le Moniteur du 2 Mai 1948, paraissait un décret daté du 27 Avril et ainsi conçu :

  «Le gouvernement provisoire considérant que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine, qu’en détruisant le libre arbitre de l’homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir, qu’il est une violation flagrante du dogme républicain Liberté, Egalité, Fraternité décrète :

L’esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d’elle».

  Ce décret passa à peu près inaperçu en France.

  Ce n’est que le 7 Mai que le journal Le National en donne une analyse succincte, peu enthousiaste d’ailleurs :

«L’espace nous manque» y lit-on.

«L’attention du pays se porte aujourd’hui sur d’autres intérêts. Nous nous bornerons à faire observer que l’efficacité des dispositions qui ont été prises aurait été plus grands grandes si elles eussent émané de l’Assemblée Nationale».

  Quant au Corsaire, autre journal de l’époque, il opine que les nouvelles mesures législatives coûteront cher au trésor public, et regrettant ce qu’il appelle «une avalanche de décrets inutiles et intempestifs» (dont celui du 27 avril) il commence irrévérencieusement :

«On dirait une machine à vapeur lâchant toutes ses soupapes aux termes de sa course».

  Et pourtant, de l’œuvre de la Révolution de 1848, de l’œuvre de la Seconde République, que reste-t-il ?

  La Constitution qu’elle ajusta avec tant de soin n’est plus qu’un souvenir. Je dirai même un mauvais souvenir.

  Les ateliers nationaux qui firent tant de bruit à l’époque ne sont plus qu’un rêve.

  Qu’on y regarde bien, et on verra que de tout ce qui à l’époque fut dit,  fut fait, fut proclamé, rien ne subsiste, rien, sinon très précisément cette chose sur laquelle les journaux de l’époque furent si peu loquaces : la suppression de cette institution qu’une barbarie civilisée avait pendant deux siècles, (instaurée et) maintenue sur le continent américain : l’esclavage des noirs.

  Oui, mesdames et Messieurs, en plein 19ème siècle l’esclavage des noirs.

  Libre aux philosophes d’opposer l’une à l’autre, comme deux pôles de l’évolution humaine, la barbarie et la civilisation. Libre à eux d’essayer de déterminer de l’une à l’autre un cheminement, un passage qu’ils voudraient irréversible ou bien encore un cloisonnement géographique ou je ne sais quel compartimentage historique.

  Les faits sont autres, comme suffirait à nous le prouver une coupe dans le tissu moral du 19ème siècle.

  Victor Hugo a buriné les Orientales, Balzac continue la Comédie Humaine, Stendhal met le trait final au dessous  de Le Rouge et le Noir, il y a Morse, il y a Joule, il y a Daguerre.

Ceci c’est la face de lumière.

Mais voici la face d’ombre :

  Dans le même temps, la razzia pille l’Afrique, la traite désorganise les royaumes indigènes, l’homme noir est chassé, traqué, domestiqué, transformé en marchandise exportable.

  D’un côté, la poésie, la science, la philosophie positive, FARADAY et l’électrolyse, COMTE et la philosophie positive, LE VERRIER  et la découverte de Neptune, mais dans le même temps, sur les plantations antillaises, il y a des hommes, des femmes, des enfants que le fouet plie sur le sillon.

Et on les marque au fer rouge. Et on les mutile. Et on les pend et on vend. Ce sont des nègres. Cela est licite, régulier. Tout est dans l’ordre.

  Tels sont les faits.

  Je les verse au dossier de la bourgeoisie.

  Je dis que c’est la gloire de la Révolution de 1848, c’est la gloire du Gouvernement provisoire issu du soulèvement populaire de Février, de n’avoir pas supporté que ce crime contre l’homme, toléré et encouragé par la Monarchie, déshonorât la République et dénaturât plus longtemps la civilisation.

  Que l’esclavage était déjà économiquement condamné, qu’il apparaissait à certains, trop peu nombreux encore, comme une entrave à la production, telle phrase d’Adam SMITH en est une preuve suffisante.

  Mais il n’y a pas d’automatisme sociologique.

  Et tous les jours, nous avons conscience de heurter, défiant l’évolution et comme installées au travers du courant, des institutions qui survivent à leur raison d’être et d’autant plus s’exacerbent qu’elles se sentent plus menacées.

  Tel était au 19ème siècle le cas de l’esclavage s’irritant, s’aigrissant, s’aggravant à mesure que ses bénéficiaires prenaient conscience de sa précarité même.

  En 1848, l’esclavage des nègres était ébranlé dans la cervelle et le cœur des meilleurs d’entre les hommes.

  Il restait, dans les faits, à lui imprimer la secousse fatale

  Qui donc fera ce geste décisif ?

  Les augures de Ministère ? Les spécialistes ès-questions coloniales ?

  Ils protestent tous que, sans nègres, sans nègres esclaves s’entend, il n’y a pas de sucre, et que sans sucre, il n’y a pas de colonie.

  La puissance spirituelle ? Les Eglises ?

  Elles n’ont qu’un souci légitimer le droit du plus fort, lui apporter la caution morale qui lui manque, et elles assurent tranquillement que la souffrance de l’homme noir, en le purifiant, le prépare aux béatitudes célestes.

  Les majorités parlementaires ? Elles hésitent, louvoient, cheminent de compromis en compromis et prêchant, moralisant, essaient de réglementer ce qui par définition échappe à toute règle : l’asservissement de l’homme par l’homme, ce crime.

  Et, en effet, qu’on interroge les grands ténors, ou les têtes pensantes des chambres de la Monarchie de Juillet, un BROGLIE, un TOCQUEVILLE, un GUIZOT, un MONTALEMBERT, leur timidité nous effraie.

  L’un, c’est TOCQUEVILLE, n’accorde de liberté aux nègres qu’à la condition expresse de les exclure du droit de propriété.

  Un autre, c’est le duc de BROGLIE, accepte de céder sur l’esclavage, mais contre dix ans de travail ou de travaux forcés, car il faut – admirez l’expression – par une éducation administrée aux noirs, mi par consentement, mi par contrainte, les mettre en état de «supporter la liberté».

  Tandis qu’à GUIZOT et MONTALEMBERT, un moyen paraît infaillible pour arriver au même résultat : la construction de chapelles et d’églises.

  Bref, aux environs de 1848, un esprit propre ne saurait avoir de doute : pour abolir l’esclavage à ce moment précis de l’histoire française, il fallait, plus que la vague bonne volonté de quelques uns, le concours révolutionnaire de la volonté d’un peuple et l’inflexible lucidité d’un politique.

  Ce peuple ?

  Vous le connaissez mieux que moi.

  C’est celui qui le 23 février 1848, dépavait Paris pour élever les barricades de la liberté, d’une liberté qu’il ne voulait pas particulière, personnelle, égoïste mais à l’échelle de l’Europe et du Monde.

  Magnifique peuple de Paris.

  Il convient aujourd’hui de lui rendre l’hommage qu’il mérite. Il végétait dans les greniers ou les caves décrits par Villermé, sans feu, sans viande souvent, sans pain mais au plus fort de sa misère, il trouva dans ses souffrances mêmes, assez de grandeur, assez de générosité pour adresser une pensée d’affectueuse solidarité à d’autres plus opprimés encore que lui.

  Les quelques milliers d’esclaves nègres perdus à des milliers de kilomètres de la France dans des îles minuscules.

  Je ne résiste pas à la tentation de citer quelques lignes de la pétition par laquelle en 1844 les ouvriers de Paris réclamèrent l’abolition de l’esclavage.

     Messieurs les Députés,

     «Les soussignés de la capitale ont l’honneur, en vertu de l’article 45 de la Charte Constitutionnelle, de venir vous demander de bien vouloir abolir, dans cette session, l’esclavage. Cette lèpre, qui n’est plus de notre époque, existe cependant encore dans quelques possessions françaises. C’est pour obéir au grand principe de la «fraternité humaine», que nous venons vous faire entendre notre voix en faveur de nos malheureux frères, les esclaves.

     Fiers de la sainte et généreuse initiative que nous prenons, nous sommes sûrs que notre pétition aura de l’écho dans notre noble Patrie et nous avons confiance dans la justice des Députés de France».

  Mesdames et messieurs, permettez-moi de vous dire que ce texte si simple, si émouvant, représente pour moi, plus et mieux que des tirades de tel écrivain célèbre, un moment de la conscience française du 19ème siècle.

  J’ai dit la part du peuple qui, par son action et sa présence sur la scène politique, rendit possible l’acte d’émancipation.

 

  Il reste à rendre hommage à l’homme qui la réalisa.

  On a tout dit sur Victor SCHOELCHER.

  Aussi ne ferai-je ni sa biographie ni son portrait.

  Mais comment, en cette circonstance solennelle ne pas souligner ce qui lui permit de mener à bien l’œuvre que nous célébrons ici : sa passion de la justice, son goût des principes, son intelligence lucide, sa persévérance inlassable.

  Et comment ne pas signaler que, face à tous ceux qui pour mieux opprimer les nègres, les insultaient et les ravalaient au rang de la bête, face à tous les précurseurs intéressés des Gobineau et des Hitler, face à tous les politiques en rupture de doctrine, face à tous ceux qui, pratiquant un curieux relativisme du droit, considéraient les territoires d’outre-mer comme en marge de la légalité, en marge du droit, en marge de la démocratie et constituant une sorte de no man’s Land où tous les arbitraires seraient justifiés et tous les machiavélismes permis, se dressa toute sa vie Victor SCHOELCHER, tour à tour sociologue, économiste, ethnographe et que là en définitive est sa grandeur : de n’avoir, à aucun moment de sa vie, accepter de rapetisser les droits de l’homme à n’être que les droits d’une classe et d’une race promises à la direction de l’univers et que, toute sa vie, Victor SCHOELCHER resta, libre de tout préjugé, exempt de toute petitesse, celui qui fit confiance à l’homme et sut reconnaître dans toutes ses composantes ethniques les mêmes facultés, les mêmes aspirations, le même droit fondamental à l’épanouissement.

  Victor SCHOELCHER. Si les hommes de 1848 étaient pardonnables de le considérer comme un homme second plan, s’ils avaient quelque excuse à ne pas saisir toute l’importance du décret d’abolition du 27 Avril, résultat de ses efforts incessants et fruit de ses travaux, nous qui bénéficions du recul d’un siècle, nous serions impardonnables de sous-estimer l’homme et son œuvre.

  Le racisme est là.

  Il n’est pas mort.

  En Europe, il attend de nouveau son heure, guettant la lassitude et les déceptions des peuples.

  En Afrique, il est présent, actif, nocif, opposant musulmans et chrétiens, juifs et arabes, blancs et noirs, et faussant radicalement l’angoissant problème du contact des civilisations.

  Mais laissons là le racisme.

  Je dis, en pesant mes mots, que le problème colonial est posé ; qu’il attend d’être résolu ; que faute d’y apporter une solution satisfaisante, la civilisation européenne d’aujourd’hui est moralement condamnée, pour en être, à délai plus ou moins long, physiquement atteinte.

  Je dis que l’immense mérite de Victor SCHOELCHER est d’avoir senti, d’avoir compris, d’avoir prouvé qu’il n’y a pas de solution à ce problème, tant que l’on n’a pas donné le primat à l’homme, à l’homme indigène, la victime  de ce heurt de deux mondes que constitue la colonisation, tant que l’on ne s’est pas résigné à lui reconnaître une valeur plus éminente qu’à la canne à sucre ou au café, qu’à la graine d’arachide ou au caoutchouc. L’immense mérite de Victor SCHOELCHER, ai-je dit, je devrais ajouter : l’actualité de Victor SCHOELCHER.

  Au moment où dans le monde entier la question ne se pose plus en termes académiques, mais en coups de feu et rafales de mitrailleuses, méditons quelques unes des phrases les plus vigoureuses de cet homme admirable, dont il serait vain de commémorer la mémoire si l’on n’était décidé à imiter sa politique.

  Cette phrase par exemple :

     «Les Chambres d’Europe, selon-nous, auraient à faire, avant toute chose, une déclaration des droits de l’homme colonial qui servirait de base à la législation, de règle  à tout ordre administratif, de digue à tout caprice ministériel».

     «La résistance, même à main armée, à tout acte royal ou autre qui violerait ces principes, serait légal et louable».

  Et cette autre encore, qui n’irritera que les pharisiens de la démocratie :

     «Si, comme le disent les colons, on ne peut cultiver les Antilles qu’avec les esclaves, il faut renoncer aux Antilles. La raison d’utilité de la servitude pour la conservation des colonies est la politique de brigands. Une chose criminelle ne doit pas être nécessaire. Périssent les colonies, plutôt qu’un principe».

 

  Mesdames et Messieurs, il n’entre pas aujourd’hui dans mon propos de faire l’historique du décret d’avril.

  Mais il faut le dire parce que c’est la très exacte vérité : ce décret, Victor SCHOELCHER l’arracha.

  Le mot n’est pas trop fort, en tel nombre furent les opposants, attentistes comme Arago, colonialistes sournois comme Marrast, esclavagistes décidés comme les anciens délégués des colonies  un Pécoul, un Reizet, un Froidefond-Desfarges, tous s’entendant à gagner ou perdre du temps, comme on voudra, à faire du dilatoire jusqu’à la réunion d’une Assemblée Constituante qu’ils escomptaient plus docile aux suggestions des colons, et la plupart d’entre eux, dans le cas le meilleur, vidant le concept d’émancipation de tout sens, de toute hardiesse, de toute vertu, cherchaient, entre l’esclavage et la liberté, le compromis qui permettrait de maintenir le nègre fixé à la glèbe, à la discrétion de son maître d’hier transformé en patron.

  Bref, on acceptait de renoncer au mot esclavage, mais pas à la chose, et surtout pas aux facilités et aux bénéfices qu’elle assurait.

  Le fait capital ici est que SCHOELCHER sut voir clair et couper court à toutes ces manœuvres. C’est lui qui, le 4 mars obtient d’Arago la condamnation de principe de l’esclavage. En Avril, c’est encore lui qui se dresse farouchement contre tous ceux qui veulent attendre, patienter et ruser.

  27 Avril 1848. Décisive victoire de SCHOELCHER : Celle-là même que nous célébrons  aujourd’hui. Quelques jours après, le Gouvernement provisoire démissionnait, cédant la place à la Constitution et à la Commission Exécutive.

  J’ai souvent réfléchi à la séquence de ces évènements.

  Je me suis souvent demandé ce qu’il serait advenu du projet d’émancipation si l’on eût attendu, comme le souhaitent les hommes du National, l’élection d’une constituante et la Constitution d’un gouvernement régulier.

  Que fut-il advenu ? Vinrent les élections, vinrent les journées de Juin. Vint Napoléon III, si bien que l’on peut affirmer que sans l’acte décisif, sans l’initiative fulgurante de SCHOELCHER, l’abolition de l’esclavage eut été reculée de trente ou quarante ans et que, dans ce domaine, la France n’eut guère précédé les Etats-Unis ou le Brésil.

  Mais faisons trêve d’hypothèses et de pessimisme.

  Ce qu’il y avait dans l’acte du 27 Avril 1848 ?

  Il y avait un déni de justice séculaire réparé, un exemple fécond légué au reste du monde : l’émancipation immédiate et totale d’un demi million d’hommes jusque là réduits à la condition animale.

  J’insiste : émancipation.

  Emancipation non pas concédée, d’en haut, non pas octroyée dédaigneusement, mais émancipation républicaine, émancipation révolutionnaire, sans « apprentissage » à la manière anglaise, sans «éducation préalable », sans « travail  forcé », sans limitation de droits.

  Et de fait, ce qu’apportait à nos pères, les esclaves de 1848, le décret de Victor SCHOELCHER, c’était le passé réparé, l’avenir préparé, c’était la reconnaissance du nègre, jusque là bête de somme, dans la famille humaine, c’était, à lui conférés, tous les droits attachés à cette condition d’homme, c’était aussi plus hardiment, sans transition humiliante, sans marchandage, comme devait le prouver immédiatement la participation des « nouveaux libres » aux élections de la Constituante, tous les droits du citoyen moderne.

  Acte hardi. Acte sage.

  Je songe à toutes les prédictions d’évènements funestes qui devaient selon d’intéressés prophètes accompagner la libération des noirs. Je songe à tous les sophismes débités sentencieusement, un siècle durant, pour expliquer que briser le carcan de l’esclave c’était rompre la paix publique et anéantir d’un seul coup la prospérité de la nation.

  Je songe aux hésitations de la grande révolution de 1789, par ailleurs, si dégagée et si franche d’allure.

  Et plus particulièrement, je songe au discours cynique de BARNAVE prononçait  le 23 Septembre opposant la Justice abstraite à la sagesse pratique, il affirmait avec l’approbation de la grande majorité d’une Assemblée qui venait pourtant de proclamer les droits de l’homme et du citoyen.

     «Il faut bien se convaincre qu’il n’y a plus de tranquillité d’existence dans les colonies, si vous attentez aux préjugés qui sont les seules sauvegardes de cette existence. Ce régime est absurde, mais il est établi. Ce régime est oppressif, mais il fait exister en France plusieurs millions d’hommes. Ce régime est barbare, mais il y aurait une plus grande barbarie à vouloir y porter la main».

  Moins de 60 ans plus tard, voici administrée dans les faits,  par Victor SCHOELCHER, par les populations nègres, l’éclatante réfutation : l’ordre, la discipline, la dignité avec lesquels les masses antillaises accueillent le décret d’abolition du 27 avril 1848.

  C’est  la grande pensée de la Convention enfin réalisée.

  C’est la revanche, sur l’esprit d’opportunisme de l’aventurier et du rhéteur, de l’esprit de rigueur, de l’esprit révolutionnaire de l’homme d’état républicain.

  Acte hardi et sage.

Et si l’on veut se convaincre qu’intacte est sa vertu, intacte sa force radiante, il suffit de se rappeler qu’il subsiste encore de par le monde des pays où la valeur comme les droits reconnus aux hommes sont fonction de leur couleur.

  Telles est, Mesdames et Messieurs l’œuvre que nous célébrons aujourd’hui.

  Si nous l’examinons d’un point de vue non plus historique mais critique, nous dirons qu’elle est à la fois immense et insuffisante.

  Quand on parcourt les campagnes antillaises, le cœur se serre aux mêmes endroits où se serrait, il y a un siècle, le cœur de Victor SCHOELCHER : les mêmes cases sombres et branlantes, les mêmes grabats pour les mêmes lassitudes, les mêmes taches de misère et de laideurs dans la splendeur du paysage, la même misère chez les uns, la même opulence aussi chez les autres, aussi égoïstes, aussi insolents ; et si, du point de vue politique, le vieux rêve de Victor SCHOELCHER a été réalisé, la transformation des vieilles colonies en départements, à voir certains évènements récents, qui pourrait affirmer que l’administration elle même a désappris totalement certaines méthodes que SCHOELCHER dénonçait il y a un siècle ?

 

  Mais l’œuvre est immense.

  Antillais, Guyanais, Réunionnais, grâce à Victor SCHOELCHER se sont précipités dans les écoles, comme ils se sont précipités dans les grandes batailles où se jouent le sort de l’homme et du  monde.

  Et ils savent désormais qu’aucun destin ne pèse sur eux, qu’ils sont les maîtres de leur histoire pour le mal comme pour le bien.

  Et quand ils jettent un regard en arrière, ils ne sont pas tentés d’être ingrats, mais à la lumière même ce passé, ils apprennent à considérer que la vraie émancipation n’est pas celle qui se décrète, mais celle que l’homme conquiert sur lui-même, qu’elle n’est pas derrière eux, mais qu’elle est devant eux, et que c’est à eux qu’il appartient de la préparer en communion avec le peuple de France, dans le sillage lumineux de 1848.

 

 

 

 

 

 

 



10/08/2008
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